Les Cahiers d'Adèle est une revue culturelle thématique à parution aléatoire. Chaque numéro explore un thème déterminé par la triade du comité éditorial, et proposé aux différents auteurs par le biais d’appel à contributions. Le projet des éditions Adèle & Otto s’articule autour d’une volonté de créer un objet imprimé constitué de productions originales, tant littéraires que graphiques.
« Il ne faut pas voir la réalité telle que je suis »
Au fil des parutions, Les Cahiers d’Adèle développe un thème qu’elle n’interroge que dans la stricte mesure où celui-ci permet d’appréhender le monde de diverses manières. Les Cahiers d’Adèle décline en monochromie essais, poésie, nouvelles littéraires ou illustrations au fil des diverses contributions.


Les Cahiers d'Adèle is a randomly published cultural magazine based in Toulouse (France).
"Do not see reality as I am"
Troughout its publications, Les Cahiers d'Adèle develops a theme which it only questions strictly in cases where this facilitates an understanding of the world of various means. Les Cahiers d'Adèle publishes in monochome compositions, poetry,
short stories or illustrations trough the various contributions.

mercredi 25 novembre 2009

EDITO NUMERO 4

L’époque nous montre ce que la pensée nous a par ailleurs appris : la peur nous fait obéir. Au principe de l’obéissance, elle gouverne ceux qui sont dénués d’entendement, par des signes destinés à l’imagination. L’imagination libre, insoumise à l’entendement délire ainsi les choses, et le bruit du plancher qui craque devient la visite du voleur, le pas dans la rue celui du violeur, le buisson brûlant sans se consumer devient le signe de Dieu. J’obéis au prophète, j’obéis à ma mère et je me retranche, et je m’abstrais de ce dont j’ai peur, de ce dont je dois avoir peur. Et la peur dessine alors des territoires, trace la ligne du mien et du tien, du bien et du mal, le cercle au-delà duquel se tient l’autre, l’étrange et l’étranger. Alors certes comme l’exercice physique la peur me tient en forme au sens propre comme au sens figuré. Mais cette forme n’est jamais que négative, me définissant à partir de ce que je ne suis pas, jamais à partir de ce que je suis, c'est-à-dire de ce que je peux. Dans la peur je suis fait par ce qui me fait peur ; jamais tout à fait moi-même, en creux ou négativement, je suis ce dont j’ai peur.
Mais la graine qui n’a pas peur, la graine qui n’a peur de rien devient arbre, devient forêt, cabane, bois de chauffe, bref, elle devient à l’infini et toute chose bien au-delà de sa forme. Celui qui n’a pas peur est dans la possibilité de devenir toute chose. Pour faire du cinéma affirmait Cassavetes, il faut n’avoir peur de rien ni de personne. Il en va de même pour toute chose, pour faire il faut n’avoir peur de rien ni de personne. Et Adèle n’a pas peur.
Dire la peur, la montrer, la raconter est-ce aussi peut-être une manière d’étendre le cercle de l’habité. Manière à laquelle auteurs, photographes ou encore illustrateurs se sont ici attachés dans leurs différentes œuvres, essais ou nouvelles. Bonnes lectures.

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